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Hommage à Mélusine (2014)

Hommage à Mélusine

rédigé par A. Filhol sur la base de documents fournis par Edouard Roudaut.

Le réacteur Mélusine du CEA Grenoble est entré en divergence le 30 juin 1958. Sa puissance initiale était de 1 mégawatt thermique, elle a été portée à 8 mégawatts thermique en 1971 et le flux maximal non perturbé était de 9x1013 nth/cm2/sec. Mélusine a été arrêté en 1988 et totalement déconstruit en 2013.

Mélusine, a été le premier réacteur de recherche français de type piscine (eau légère). Il utilisait de l'uranium très enrichi en uranium 235. Il disposait de plusieurs faisceaux de neutrons, 3 canaux radiaux et 2 tangentiels, qui débouchaient dans d'un vaste hall expérimental pressurisé et "accueillant" (large sas, fenestrons, WC) situé en rez-de-chaussée et doté d'un pont-levant accessible sur demande à la salle de contrôle.

En 1965 il a été modernisé avec l'installation d'un cuvelage en acier inoxydable dans le compartiment coeur de la piscine. En 1976, c'est une cuve à eau lourde qui est installée dans laquelle pénètrent les canaux radiaux et tangentiels.

Un rapport de 1977 fait état de deux sources froides et d'une source chaude en projet ce qui montre que les équipes de l'époque ne manquaient pas d'ambitions.

Les documents sur Mélusine sont apparemment devenus assez rares. Le service communication de CEA semble ne plus avoir que quelques photos des bâtiments.

Le hall expérimental de Mélusine en 1960
Y. Raoul, Ref. 1
Le hall en 1962
CEA/Paul Noël, Ref. 4
La salle de contôle de Mélusine en 1962
CEA/Paul Noël, Ref. 4
Le coeur de Mélusine (vers 1963/64)
CEA/E. Roudaut, Ref. 3
Schéma des installations de Mélusine
CEA/E. Roudaut.
Les instruments de Mélusine en 1977
CEA/E. Roudaut, Ref. 5
 
 

Tout comme Siloé, Mélusine a permis à de jeunes scientifiques de se former à la neutronique. Il offrait les équipements suivants :

  1. canal tangentiel T1 : séparateur d'isotopes en ligne ARIEL pour l'étude des produits de fission à vie courte (1 seconde environ) sur cible U et Pu. En 1982-83, des allemands de Karlruhe, W. Reichardt et L. Pinchovius, ont installé un 3-axes qui, faute d'un flux de neutrons suffisant, a disparu dès 1986. Roudaut a alors utilisé ce faisceau pour y installer le premier multidétecteur "banane", une technologie qui aura beaucoup de succès avec D1B à l'ILL. La photo ci-après montre DN5 équipé avec un four de Daniel Fruchard (CNRS) qui faisait de expériences sur le stockage de l'hydrogène.
  2. canal tangentiel T2 : DN6, diffractomètre en temps de vol (L=4 mètres) pour l'étude des poudres à hautes pressions et basses températures. Après 1968 c'est Georges Roult qui s'est occupé de cet instrument avec son thésard Jean-Louis Buevoz. Ce dernier sera ensuite l'un des premiers responsables de D1B à l'ILL, puis co-responsable de IN13.
  3. canal radial C1 : DN2, diffractomètre à neutrons polarisés à bras levant construit par Alain Delapalme épaulé ensuite par Jacques Schweizer. Ce dernier utilisera DN2 comme modèle pour construire l'instrument D5 à l'ILL avec Francis Tasset. D5 n'existe plus mais a été remplacé par D3. DN2 est également l'instrument sur lequel Jacques Bossy s'est fait la main avant de devenir co-responsable de IN8 à l'ILL.
  4. canal radial C2 : appareil de neutronographie
  5. canal radial C3 : DN1, diffractomètre de poudre sous la direction de Roult. C'est après sa migration à Siloé qu'il fut converti en spectromètre à trois axes par Rossat-Mignod et Roudaut. En 1982-1983, Jens-Boie Suck a apporté de Kalrsruhe le TOF thermique KARTOFFEL (KARlsruher TOFspektrometer), sur lequel Michel Bonnet a également travaillé. Cet instrument a ensuite migré à Siloé (DN6) et c'est Helmut Schober qui s'en est occupé. Après cette excellente formation, ces trois derniers scientifiques sont devenus responsables ou co-responsables d'instruments de l'ILL.
Diffractomètre bras levant à neutrons polarisés DN2 (1968)
Document Jacques Schweizer et Francis Tasset
Diffractomètre de poudre DN5 avec Claude Rouchon en action (1987)
Photo plaquette CEA "Mélusine"
Le spectromètre en temps de vol KARTOFFEL (DN6) (1987)
Photo plaquette CEA "Mélusine"
 
 
Hall instrumental (1987). Le personnage de face sur DN2 est Jacques Bossy
Photo plaquette CEA "Mélusine"
Défournement du silicium (1987)
Photo plaquette CEA "Mélusine"
 
 
 

Références

  1. Brochure "Commissariat à l'Energie Atomique 1945-1960, L'édition artistique, Paris. (document Yannick Raoul)
  2. "Mélusine, 30 ans au service de la recherche, CEA centre de Grenoble, 1987 (document Jacques Bossy).
  3. Brochure "Siloé" du CEA, imprimerie Desgrandschamps, non datée (sans doute 63/64) (document Edouard Roudaut)
  4. Yves Ballu "De Mélusine à Minatec 1956-2006 : 50 Ans d'histoires du CENG devenu CEA Grenoble", Éditions du Dauphiné Libéré, 2003.
  5. Symposium sur l'avenir des réacteurs de recherche, C. Bass, R. Marouby, F. Merchie, JP. Perves, M. Ploujoux, J. Rossat-Mignod, E. Roudaut, CEA-CENG, Pi/SEREG/226-376/77, 17 nov. 1977. (document Edouard Roudaut)

Page par Alain Filhol, janvier 2014.

Dernière mise à jour: 19 July 2021