Roger Gariod
Roger Gariod et l'électronique de l'ILL
Roger Gariod (95 ans en 2025) est l'un des derniers témoins des débuts de l'ILL. Il nous raconte ici la genèse de l'électronique et de l'informatique de contrôle d'une partie des instruments scientifiques de l'époque.
Edouard Roudaut (thésard puis physicien à Siloé), qui a également vécu cette période, apporte ici son témoignage.
Le CEA-CENG disposait d'un Laboratoire d'Electronique dirigé par Cordelle et dont j'étais le sous-directeur. Pour l'ouvrir au monde industriel nous venions de le transformer en CEA-LETI, en 1967, quand le professeur Maier-Leibnitz, directeur de l'ILL, et Bernard Jacrot, directeur adjoint, me proposent de prendre la responsabilité de leur service électronique. J'ai poliment décliné car j'étais trop impliqué dans l'aventure LETI mais j'ai proposé qu'ils lui confient la conception et réalisation des équipements électroniques ainsi que l'informatique de l'ILL, et cela retint leur attention.
Avec l'accord de M. Cordelle, un contrat lie alors les deux organismes. M. Maier Leibnitz, pour mieux définir le besoin des physiciens les convie à une réunion dans une station de ski à Spitzingsee, en Allemagne. J'y suis invité. Chaque après-midi, un physicien définissait le contour de son expérience et je contribuais à définir pour chacune d'elle les besoins en électronique et informatique. Les matinées étaient consacrées au ski. Skis aux pieds, avec simplicité et allégresse, M. Maier Leibnitz se joignait au groupe pour notre grand plaisir.
Sur le chemin du retour, dans ma valise, une bouteille de whisky achetée au Duty Free Shop pour un ami du laboratoire, éclata. Mes notes échappèrent de justesse à l'effacement.Après cette phase de préparation, le développement commença immédiatement en étroite relation avec l'ILL. Le 13 février 1970 à 15h30, au moment précis où les invités de la direction du CEA au conseil du LETI se dirigeaient vers l'ILL, le sommet de la coupole du réacteur en construction s'est effondré tuant 5 ouvriers et en blessant deux. Réunion annulée évidemment.
La réalisation technique de ce projet fut très profitable techniquement au LETI. L'équipe de Jean-Luc Lecomte réalisa les liaisons électroniques complexes entre chaque expérience et le calculateur central en standard européen CAMAC. Les diffractomètres et les spectromètres 3-axes de l'ILL sont alors dotés d'électroniques CAMAC du LETI et c'est Robert Dautray et moi-même qui avons fait le choix des ordinateurs Télémécanique T2000 pour les piloter. Ces derniers étaient programmés avec un Fortran temps réel développé au LETI par Mathurin Lesourne.
Les intruments temps de vol et petits angles, eux, étaient pilotés par des électroniques sans doute développées en Allemagne et un ordinateur Telefunken TR-86.Plus proche de la physique, Robert Allemand et son laboratoire réalisent, pour les expériences de diffraction neutronique, un multidétecteur original conçu par Edouard Roudaut à SILOE. Il permettait un gain considérable en temps de mesure par rapport au système mono-détecteur classique à l'époque. Le second détecteur de ce type fut installé sur le diffractomètre de poudres D1B de l'ILL.
Une fois les équipements des expériences de physique autour du réacteur à Haut Flux terminés, Mr Taeschner, responsable allemand de cette lourde opération, a tenu à associer mon nom à sa publication finale [*].
[*] M. Taeschner, R. Gariod (1974) Transactions A. S. M. E., Serie G, (USA), 96, 394-398.
Les souvenirs d'Edouard Roudaut
Quand je suis arrivé au CENG, il n’y avait pas encore le LETI. Le laboratoire d’électronique dirigé par Cordelle était au service de tous, les commandes de matériel y étaient gratuites. Ainsi, pour le diffractomètre 4-cercles de ma thèse (1967) installé à Siloé, j'ai fait fabriquer son électronique et des comparateurs digitaux sans que cela ne coûte un sou au laboratoire de Bertaut (CNRS). De même, le LETI a financé sur ses propres crédits l’électronique de mon multidétecteur à neutrons (le frère ainé de celui de D1B à l'ILL).
Puis Cordelle a créé un statut spécial pour les embauches de ce qui est devenu le LETI (1967) afin de l'ouvrir aux industriels. Après le départ de Cordelle, il y a eu un autre directeur dont je ne me souviens plus du nom qui avait Roger Gariod comme second. Gariod était très proche de Robert Allemand avec qui j'ai développé le 1er multidétecteur à neutrons.
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