Témoignages
L'enseignement international à Grenoble - témoignages
Merci aux familles allemandes et anglaise de l'ILL qui ont bien voulu témoigner sur l'enseignement international à Grenoble tel qu'elles l'ont vécu à diverses époques.
1970 - Dr Eberhard Moll, responsable du spectromètre PN1-Lohengrin
Le premier enseignant allemand était Mr S. Raithel. Il appliquait le programme d'études scolaires des écoles primaires de Baden-Württemberg.
Notre fils Thomas a été scolarisé à Grenoble le 07/09/1970. L'école s'appelait d'abord "Interatom-Firmenschule-Grundschule-Grenoble" puis, à partir de l'année scolaire 1971/1972, "Deutsche Klasse der Ecole d'Application Clémenceau Garçons" , 41 Bd G. Clémenceau, 38 Grenoble - "Deutsche Abteilung".
1973 - Eberhard Moll
En 1973, Eberhard Moll a donné une interview à ZDF (télévision Allemande) pour le film "Die stillen Stars" (en allemand, en allemand sous-titré en français)
Verbatim: Klaus Gobrecht, traduction Marie-Eve Meyer
Journaliste
Deux fois par semaine, les écoliers allemands sont conduits en bus pour suivre des cours d'allemand puis ramenés en fin d'après-midi sur le site de l'Institut.
L'école, a deux tâches principales : l'enseignement du français et le cursus allemand, pour permettre aux enfants de continuer les cours en Allemagne ultérieurement.
Monsieur Moll, quelle est en réalité la situation scolaire à Grenoble pour les Allemands ?
Eberhart Moll
La situation est particulière car les collaborateurs allemands de l'Institut ne sont à Grenoble que pour une durée limitée. Par conséquent, les enfants doivent d'abord s'habituer au système scolaire français, puis ils doivent retourner en Allemagne et se réadapter au système allemand.
Les enfants qu'on voit revenir ici en bus suivent l'enseignement français normal, passent dans la classe supérieure selon le système français et reçoivent les diplômes français Jusque récemment, c'était la seule possibilité. Deux fois par semaine, ces enfants ont un cours d'allemand afin qu'ils n'oublient pas ce qu'ils savaient.
Beaucoup de parents, en particulier ceux dont les enfants étaient déjà scolarisés en Allemagne, ne trouvent pas cela très satisfaisant.
Maintenant, ces enfants sont scolarisés dans une classe allemande à l'intérieur d'une école française. Le professeur est allemand. Les enfants ont 17 heures d'enseignement primaire correspondant au système allemand. En plus, ils ont environ 10 heures d'enseignement français normal.
Pour que les enfants puissent suivre l'enseignement français dans les classes françaises, ils ont des cours de langue spécifiques, adaptés à leurs connaissances.
Journaliste
Ce système de scolarisation est en danger. Ai je raison ?
Eberhart Moll
Oui, voilà la situation. Cette école est portée par l'Institut et continuera à être financée par lui. Ce n'est pas très satisfaisant car, côté français, beaucoup de choses ont été faites. Cette école nous accueille gratuitement mais, côté allemand, nous n'avons reçu aucun soutien de Bonn.
Nous espérons qu'à long terme ce début prometteur sera développé et que nous aurons ici une véritable école allemande avec école primaire et lycée.
Journaliste
"Une école franco-allemande". Son but est donc d'accompagner les élèves français et allemands de l'école primaire jusqu'au baccalauréat. Il est prévu de créer un baccalauréat franco-allemand pour que des français aussi aient envie d'y envoyer leurs enfants.
1975 - Des parents britanniques : 3 enfants, 3 cursus
Nous sommes un couple britannique, résidant à GRENOBLE depuis 1975 et nous avons 3 enfants. Le premier a suivi trois années à l’Ecole Primaire de la Houille Blanche et les trois années du Lycée Stendhal ; le deuxième a suivi les cinq années de la Houille Blanche, puis les quatre années au Collège Stendhal ; le troisième a suivi les cinq années de la Houille Blanche plus toute sa scolarité aux Collège et Lycée Stendhal. Chacun des trois enfants a ainsi vécu une expérience différente. Chacun a suivi les cours de langue maternelle au niveau 4.
- Le premier a passé son baccalauréat à Stendhal mais sans prendre l’option du baccalauréat international (O.I.B.) C’était son choix !
- Le deuxième a quitté Stendhal après le Collège, le niveau général étant trop élevé pour lui ;
- Le troisième avait la capacité et la volonté de profiter et de réussir dans cet environnement plutôt élitiste.
En effet, l’enseignement à Stendhal était adapté aux enfants dont les capacités étaient supérieures à la moyenne. Les enfants français étaient sélectionnés selon leur niveau général, les enfants étrangers selon leur niveau de langue. Forcément, cela impliquait des difficultés d’homogénéité de niveau parmi l’ensemble des élèves. D’un côté, des élèves français avec un très bon niveau général, y compris en langue étrangère, principalement à l’écrit. De l’autre côté, des élèves d’origine étrangère avec une aisance orale dans leur langue maternelle sans forcément avoir un niveau d’étude général supérieur à la moyenne.
L’enseignement suivi à l’école primaire de la Houille Blanche remplissait bien son rôle en intégrant bien les enfants étrangers dans le système français, tout en leur permettant de maintenir leur niveau de langue maternelle. Cette école offrait également la possibilité aux enfants français d’acquérir des compétences dans une langue étrangère dès leur plus jeune âge.
Par contre, au niveau du Collège et Lycée Stendhal, le procédé de sélection avait pour résultat un ensemble d’élèves français et étrangers avec un écart de niveau important entre eux. Bien que la structure et la politique de cet établissement aient pu permettre aux enfants de niveau supérieur de réussir, il était mal adapté aux besoins des élèves visant un parcours moins académique.
1976 - Mme von EGIDY : la réintégration dans le système allemand
Traduction en français du témoignage de Mme von EGIDY
Consultez ici le texte original en allemand.
Les années d’école sont bien loin... 35 années déjà !
Nous avons été très contents de l’école de la Houille Blanche.
Holm avait 9 ans lorsque nous sommes arrivés à GRENOBLE en Mai 1976. Nous sommes restés 3 ans, jusqu’à la fin de l’année scolaire. Le plus difficile a été bien sûr, pour lui, d’apprendre à comprendre, parler, compter en français. Mais pas de problème pour l’écrit. Il avait déjà acquis les bases fondamentales en allemand. L’écrit en allemand était relativement bon. Si j’ai bonne mémoire, il y avait en plus des cours de français spécifiques pour les étrangers, afin qu’ils apprennent à écrire rapidement. Dès notre retour à MUNICH, il a intégré le Lycée Européen : il n’a pas eu de problème d’adaptation. Je crois qu’il n’a pas eu à utiliser le français pendant ses études de théologie et de philosophie, mais il peut encore le parler.
Hans, 2 années plus jeune, est entré dans la classe CM1 de l’Ecole Primaire. L’année scolaire n’était pas très avancée et il a vite rattrapé le niveau. En allemand, il a eu Mme DUREAU dont il a le meilleur souvenir et, grâce à elle, il a appris à écrire de petites phrases. Mais, dans les classes de CE2 et CM1, les classes n’avaient pas le niveau exigé en Allemagne. Ensuite, il n’a pas eu de place à l’Ecole Européenne. Il a dû subir un test d’entrée au Lycée DANTE à MUNICH... ce fut catastrophique en allemand (il avait fait 55-60 fautes dans son texte !) et l’enseignante, et même nous, nous désespérions ! Toutefois, comme il était excellent dans les autres disciplines, il a été accepté à l’essai. Il a alors pris des cours de dactylographie avec sa grand-mère... il a réalisé des progrès remarquables. Une année plus tard, il est entré également au Lycée Européen. Tous les problèmes ont alors été résolus. Il a toujours aimé le français ; il le parle très bien jusqu’à maintenant, d’autant plus qu’il a été étudiant en Droit à GRENOBLE pendant un an. Il a présenté sa thèse de Doctorat sur un sujet européen en français et en allemand.
Max, né en décembre 1972, est allé d’abord au jardin d’enfants à MEYLAN, puis, en 1978, à 5 ans, il a intégré la classe de CP à la Houille Blanche. Il a eu la chance de travailler avec Mme DUREAU. A Noël, il pouvait lire en allemand et, depuis, il adore lire... Le français écrit ne lui a pas posé de problème, mais il était réticent pour le parler («il parle français quand il veut» : cette mention apparait sur son premier bulletin !). Nous avions trouvé très bien qu’il commence à lire dans sa langue maternelle, et en français 6 mois plus tard. Il a suivi son chemin en Allemagne sans problème, toujours le plus jeune de sa classe. Il a étudié plus tard la théologie, il n’a plus eu l’occasion de pratiquer le français... il a dû apprendre le latin, le grec, l’hébreu. Il a étudié entre-temps à VANCOUVER, donc en anglais.
Nous avons toujours apprécié que l’école grenobloise ait un bon niveau. Notre séjour de ce fait a été très décontracté. J’ai trouvé également que l’enseignement par journée complète est moins stressant pour nos enfants que l’enseignement réparti en demi-journée dans le Lycée allemand DANTE.
1977 - Mme G. TROMSDORF : Houille Blanche, Eaux Claires, Stendhal...
Nous sommes une famille de 3 enfants, Christian né en 1964, Marion née en 1967, Michael né en 1974 : les 3 enfants sont passés par l’enseignement à la Houille Blanche et aux Eaux-Claires. Le plus jeune a passé le baccalauréat international à Stendhal.
L’accueil était partout excellent. Etant nés en France, les enfants se sont rapidement intégrés. A la maison, nous avons toujours parlé allemand, mais les cours en français ne leur posaient pas de problème. Les professeurs étaient compétents et l’enseignement en allemand langue maternelle d’excellente qualité. S’ils ont, aujourd’hui, de très bonnes situations, ils le doivent en grande partie à ces institutions et à leurs professeurs.
1977 - J.M. AUBER - Ma scolarité à l’école de la Houille Blanche
J'ai eu la possibilité d'effectuer ma scolarité en classe de CM1 et CM2 dans cet établissement. Étant à la base franco-britannique et donc bilingue français-anglais, j'ai pu intégrer cette école avec comme enseignement complémentaire l’anglais cette année-là (allemand un an sur deux). Les cours étaient donnés par un professeur parfaitement bilingue d'origine anglaise.
Je garde un très bon souvenir de cette expérience, qui m'a permis de rester bilingue avec un enseignement fondamental en français et un enseignement essentiellement littéraire dans ma langue maternelle. À l'époque j'ai eu la chance de côtoyer des camarades de nationalités différentes essentiellement germaniques, me permettant de découvrir différentes cultures.
Compte tenu des accords entre l'établissement et le collège de rattachement, j'ai pu poursuivre cette forme d’enseignement bilingue durant tout le collège avec les mêmes camarades ce qui nous a permis de tisser des liens très forts.
L'émulation intellectuelle a toujours été très importante, et a permis à bon nombre d'entre nous, de poursuivre des études supérieures.
années 80/90 - K. MAMPE : Houille Blanche, Stendhal... avec un regret...
J’ai une très, très, bonne expérience avec mes 4 enfants à l’école internationale. Les 2 grands, âgés de 9 et 10 ans, sont arrivés à l’école primaire internationale ne parlant pas français et très peu allemand. Ils ont été très bien accueillis et très vite intégrés (en seulement quelques mois !)
Au collège des Eaux-Claires ils sont devenus bilingues français-allemand. Les 2 plus jeunes ont commencé l’école primaire internationale au CP. Ils ont d'abord appris à lire et écrire en allemand jusqu’à Noël puis, à partir de la fin de l’année, en français !!!
Pour ma fille il n’y avait pas le collège international, elle a suivi l’éducation en allemand en privé. Mon fils fréquentait le collège international. Tous les 2 étaient très heureux au lycée international. Ils parlent 4 langues et sont scientifiques.
Le seul problème aura été, pour mes enfants, que leurs copines de l'école habitaient à 20-30 km de chez nous et qu'ils se sont fait peu d’amis dans notre quartier.
anées 80 - Mme COLLIN-DUFRESNE
C’est avec une grande reconnaissance que je repense à la scolarité suivie par mon fils à l’école de la Houille Blanche d’abord, puis au lycée des Eux Claires.
En effet, cette scolarité lui a permis d’être bilingue et a facilité son apprentissage d’autres langues, notamment l’anglais. Elle a ainsi grandement contribué à sa réussite en classe préparatoire.
A l’école primaire la formation des enfants dans les deux langues était très bien structurée. A Noël de leur CP ils savaient lire dans leur langue maternelle avant d’attaquer l’apprentissage de la lecture en français. Grâce à des enseignants compétents l’organisation de la journée scolaire et le va et vient d’une langue à l’autre ne présentaient pas de problème ou une charge particulière pour les enfants. Cela leur semblait tout simplement naturel.
Au Lycée des Eux Claires en revanche, qui était un excellent lycée, l’organisation de la scolarité des élèves "internationaux" aurait pu être meilleure. L’enseignement en langue maternelle avait du mal à trouver sa place dans l’emploi du temps et c’est surtout grâce à l’engagement des professeurs étrangers que les enfants ont progressé et gardé le plaisir du travail dans leur langue maternelle. La création d’un lycée international plus tard, où le double cursus avait un statut officiel, m’a donc semblée tout à fait logique.
Il est vrai que nous avions éloigné notre enfant de son quartier d’habitation et de ses camarades, en lui imposant en même temps des trajets assez lourds. Mais c’était largement compensé par le profit qu’il a tiré de cette scolarité et si c’était à refaire je le referais.
2002-2014 - Giovanna Fragneto - Mon expérience à la CSI et celle de mes deux enfants
Je suis une scientifique italienne, à l’ILL depuis 1997. Quand je suis arrivée à Grenoble avec mon mari, lui aussi italien, nous avions déjà un garçon âgé de 9 mois, né à Paris. Nous avons eu une fille cinq ans après.
2014 - Timothy ZIMAN... une fille à la CSI !
Ma fille Mabel - mère française, père anglophone - a effectué sa scolarité au Collège EUROPOLE. Elle était loin d’être bilingue à l’entrée mais, maintenant, elle peut apprécier la littérature anglaise. Elle doit ses progrès en particulier à Mme RIVOIRE.
Elle a été acceptée au Lycée de la CSI pour la rentrée 2014. C’est un concours et elle était inquiète d’autant plus qu’elle avait raté des questions, n’ayant pas tourné la dernière page de l’examen écrit ! Cela signifie qu’il n’y a plus de garantie d’être accepté. Pourquoi ? trop de demandes. En cette rentrée 2014, il y avait plus de 100 candidats pour 30-40 places...
- Pourquoi trop de demandes ?
- la population d’origine étrangère a évolué depuis les années 1970 ;
- le nombre de sections a sans doute été élargi par souci de mixité sociale, ce que j’accepte volontiers. Mais il faut que l’école gère la question du nombre d’élèves dans chaque section. Comme la logique est d’ajuster le nombre de places à la demande, je pense que cela a fait surtout pression sur la section allemande.
- l’aspect "élitiste" de la CSI est indicatif de la stratification de la société ; il trahit aussi la préoccupation majeure de certains parents qui est la préparation aux grandes écoles.
- l’école est-elle moins "internationale" ? je pense que le niveau d’enseignement de langues reste excellent. Mais, du moins dans la section anglaise que je connais mieux, la génération des enseignants anglophones approche de la retraite. Ces enseignants partent et sont remplacés plutôt par des français, certes avec d’excellentes qualifications, mais différents quand même. Actuellement, les activités extra-scolaires sont surtout le travail des enseignants d’origine étrangère et des parents d’élèves.
- il y a des soupçons que, pour faire face à la demande, la section allemande va être déplacée au Lycée Argouges. Cela briserait un peu l’aspect international de la CSI et l’emplacement est moins intéressant pour les parents qui travaillent à l’ILL/ESRF.
- l’École Américaine prépare essentiellement pour un cursus américain. C’est payant. J’ai essayé de faire venir un collègue américain : son fils aurait été pris à l’Ecole Américaine mais, finalement, il a décidé de ne pas venir pour des raisons financières...
- depuis un an, il y a une pression dans le quartier adjacent pour récupérer au moins une partie de la Cité Scolaire Europole pour en faire un collège de secteur, les collèges actuels étant surchargés. Que va décider la nouvelle municipalité ? rien n’est évident.
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